Les Poupées Russes - 4- Nathanaël

Publié le par Pom&Papillonne

-4-

Nathanaël.

 

            Nathanaël est beau. Tout le monde est d'accord sur le sujet. Il a un beau visage d'ange, un sourire craquant avec des dents blanches étincelantes, des yeux fins, bleuâtres et pétillants. Ses cheveux d'un blond doré rayonne au soleil. Sa mèche rebelle lui donne un je ne sais quoi.

Déjà enfant, il avait une véritable foule d'admiratrices en tous genres. D'Elisa, six ans, fille de médecin, de Manon, six ans et demi, fille de dentiste, de Julie sept ans, fille d'avocat ou de Sophie, sept ans également, fille de charlatan, il avait l'embarras du choix ! Mais comme tous les petits garçons de six ans, se souvenait sa mère, il disait que les filles c'étaient « beurk » et il préférait de loin les voitures et le ballon de foot.

Un véritable homme rajoutait son père bombant le torse.

Si l'on se souvient bien, à la maternité il avait été élu le plus beau bébé ! S'exclamait sa tante la larme à l'œil. Toutes les infirmières étaient folles de lui. Elles voulaient toutes s'en occuper en même temps. Quand j'en rencontre parfois certaines dans la rue, elles me demandent toujours des nouvelles et se rappellent qu'elle beau bébé elles avaient entre leur main. Je leur répète, en riant, quel bel homme il est devenu et qu'on aimerait toujours autant l'avoir entre les mains.

Un véritable homme, un homme à femme rajoutait son père.

Quand ce dernier l'emmenait enfant dans la maison de retraite où il était directeur, toutes les mamies se bousculaient pour le voir. Elles lui pinçaient avec amour la joue et lui disaient quel enfant mignon et à croquer il était. Ça lui faisait un peu peur. Pour le récompenser, elles lui donnaient toujours un bonbon ou une pièce. Ce qui valait bien la peine d'avoir la peau rose et les joues rouges.

Au lycée, disait toujours Samuel, son meilleur ami, il avait réussi à sortir avec Melissa Sanchez  et Emmanuelle Dellicour. Les deux plus belles filles du lycée pour lesquelles tous les garçons se battaient. Lui il n'avait rien eu à faire.  Mais le plus exceptionnel c'est qu'il avait réussi à sortir avec les deux en même temps !

On se serait passé de ce genre d'exploit, rajoutait sa mère.

Avec la majorité, son physique lui avait ouvert les portes du mannequinat. Il ne prenait pas cela pour une passion, un besoin ou une ambition, mais plus comme de l'argent de poche facile et des vêtements de marque bon marché.

Tout ce petit monde retraçait le parcourt de Nathanaël et louait sa beauté.

Ils étaient réunis dans une pièce exigüe, blanche et claire.

Ils étaient autour de lui à s'exclamer, s'esclaffer. A rire, sourire, apporter un peu de vie.

Nathanaël depuis cinq ans était toujours aussi beau, mais cloué à un lit d'hôpital. Condamné à rester allongé, immobile et muet pour le restant de ses jours avec seulement ses jolis yeux pour pleurer.

 

PN Pom'

Publié dans Les poupées russes

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